Ou, Sarrasin, bel amour.
Voici un bon 15 jours que j’ai semé le Blé noir ou Sarrasin.
J’essaie de repousser l’envie de passer lui rendre visite tous les jours pour voir s’il pousse. Je me
contente d’une visite par semaine. Cette année, petit coup de stress, rien n’était levé lors du premier
passage. Il faut dire que le manque de pluie et le vent de Nordet, comme on dit ici, n’ont pas facilité les
conditions de démarrage.
Sans compter que, vu que je n’ai pas fait de culture l’année dernière, j’ai semé de la graine d’il y a plus de
2 ans et pas forcément bien conservée. Oui j’avoue, je suis une très mauvaise élève.
Je suis repartie, la mine boudeuse, la tête basse en croisant les doigts pour qu’il y ait quelques graines à
lever, histoire de sauver la semence. Oui, c’est un peu le risque lorsqu’on travaille avec des graines
aniciennes. Si on loupe, on perd la semence et autant dire que ce n’est pas dans les grosses coops que je
trouve des sacs de « petits gris de Brusvily » !
Aujourd’hui, je suis repassée. Préparée à ne rien voir lever, pour limiter la déception. Et cette phrase en
tête d’enfant ronchon « s’il n’y a rien, c’est fini, j’arrête les cultures, j’en ai marre ! »
Heureuse surprise ! Une grosse partie des graines a germé et le Sarrasin est passé au stade de
développer ses feuilles en forme de cœur. Comment résister à un champ de cœurs verts avec des
rainures rouges ? Alors comme à chaque fois, je fonds devant ces plantules à la force de vie étonnante,
qui ont su résister à mes mauvais traitements de conservation.
Pour le point technique, le blé noir se sème entre mi-mai et mi-juin (depuis deux ou trois ans, on sème
même début mai, car les conditions le permettent et cela permet, et de limiter la soif en début de semis,
et d’éviter de moissonner lorsque le ciel décide de lâcher, en automne, toute l’eau qui n’est pas
tombée !) il fleurit fin juin début juillet environ, et on le récolte mi-septembre, mi-octobre.
Il y a deux ans, j’ai fait une récolte début septembre. Assez dingue cette saisonnalité !
Pour le moment, je vais profiter de ces milliers de cours aux nervures rouges qui vont grossir. Plus la
plante va pousser, plus les feuilles vont s’arrondir et perdre ce joli tracé. Et une fois la floraison blanc
crème lancée, le Sarrasin va prendre de la hauteur et les feuilles perdre de leur panache.
Lorsque j’ai commencé à cultiver cette plante, il y a 6 ans peut-être maintenant, je n’avais aucune idée
d’à quoi elle ressemblait. Elle m’a conquis au fur et à mesure de jours d’observation. Elle a su toucher
mes 5 sens par la beauté de ses nervures rouge vif sur la pulpe vert intense, la légèreté de ses pétales,
son odeur délicate et forte à la fois, lorsqu’elle est en fleur. La douceur de ses jeunes feuilles et la
sensation particulière de plonger la main dans un sac de graine. Le son des pollinisateurs butinant dans
ses fleurs. Et bien entendu son goût si particulier de la farine.
J’ose espérer qu’elle saura vous toucher !